En attendant la SSA : un blocage des prix ?
“Lié à la guerre en Ukraine”, les prix alimentaires s’envolent en ce moment : les pâtes premier prix ont augmenté de 43,73 % en un an, les steaks hachés de 14 %, les huiles de 17,97 %, les légumes en conserve de 8,84 % ou encore le café de 16,56 %1. Les témoignages de personnes ayant de plus en plus de mal à se nourrir affluent.
Pourtant, la guerre en Ukraine n’y est pour rien. Elle n’a pas engendré jusqu’à aujourd’hui la moindre diminution de production, et quand bien même des soucis de récoltes sont prévus pour août, rien d’insurmontable au regard des stocks mondiaux de céréales2. L’envolée des prix alimentaires n’est liée qu’à une seule chose, la spéculation qui s’est mise en place sur les produits agricoles et alimentaires depuis le début de la guerre. Désireux de s’enrichir et peu soucieux des conséquences catastrophiques – pour 1% d’augmentation, c’est 10 millions de personnes en plus qui basculent dans l’extrême pauvreté au niveau mondial3 – ces boursicoteurs sont responsables de l’envolée des prix. Comme toujours, nous direz-vous : au Moyen-Age déjà, les famines étaient beaucoup plus liées à des spéculations sur les prix des céréales les années de mauvaise production, assurées par le stockage de grains, qu’aux baisses réelles de production4.
Ainsi, l’explosion des prix des denrées auxquels font face aujourd’hui les Françaises et les Français n’a aucune autre justification que celle d’enrichir d’avides spéculateurs. Outils mis en place jusque dans les années 1980 en France, un contrôle des prix des denrées par l’Etat devrait être mis en place afin d’assurer un approvisionnement correct pour l’ensemble des budgets. Celui-ci nécessiterait peut-être d’employer quelques fonctionnaires supplémentaires au sein de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) et de remettre à jour les outils de surveillance… Rien d’extraordinaire. D’ailleurs, des blocages de prix ont déjà été mis en place dans d’autres pays européen, comme l’Espagne et le Portugal. Pratique interdite par l’Union Européenne, cette dernière a pourtant accepté ces dispositions au regard du contexte. La désobéissance européenne porte visiblement ses fruits.
Les marchés mondiaux ne doivent plus organiser les prix agricoles et alimentaires. L’alternance de prix élevés et de prix bas est bénéfique à l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation : les investissements réalisés lorsque les prix sont élevés vont endetter les entreprises qui, lorsque les prix baissent, ne peuvent pas toutes tenir dans la durée. Seules les plus importantes s’en sortent alors, industrialisant d’autant plus les pratiques et concentrant le pouvoir dans les mains de quelques-uns. De plus, les prix bas incitent au gaspillage et les prix élevés provoquent des augmentations intolérables du nombre de personnes souffrant de la faim. Ainsi, assurer des prix rémunérateurs aux producteurs et productrices et protéger la population d’une envolée des prix alimentaires nous paraît indispensable, et les mécanismes pour le faire sont à notre portée. En attendant la mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation !