La guerre en Ukraine, prétexte pour légitimer la relance de l’agriculture productiviste

Communiqué de presse du Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation

Le 16 mars dernier, le premier ministre français dévoile dans une conférence de presse le plan de résilience économique et social pour faire face aux premiers impacts de la guerre en Ukraine : douze objectifs sont affichés dont un concernant la souveraineté alimentaire.  A cette occasion, le gouvernement affirme sans ambiguïté le soutien au productivisme, y compris par la relocalisation d’activités agro-industrielles comme la fabrication d’engrais et des produits transformés pour l’alimentation animale. En outre, il est également confirmé de soutenir l’industrialisation des projets innovants en matière d’agro-équipements. Afin d’augmenter les surfaces cultivables, la remise en production des terres en jachère est autorisée alors qu’elles sont indispensables à la sauvegarde de la biodiversité et à la régénération des sols. Nous dénonçons cet opportunisme de l’Etat qui part à la conquête de nouveaux marchés internationaux laissés libres par l’Ukraine au nom de la souveraineté alimentaire.

Le 23 mars la Commission européenne présente les mesures pour protéger la sécurité alimentaire mondiale ainsi que l’agriculture et la consommation de l’UE. Les mesures proposées vont dans le même sens que les propositions françaises, à savoir une relance de la production agricole européenne et une mise entre parenthèses des politiques agro-environnementales déjà en deçà des mesures nécessaires pour répondre aux enjeux mis en avant par les rapports du GIEC.

Il ne s’agit pas de faire l’impasse sur la réalité de la guerre en Ukraine et de ses conséquences pour les habitants et les habitantes, en particulier pour accéder à des produits alimentaires. Il ne s’agit pas non plus de faire l’impasse pour les agriculteurs et agricultrices soumis à ce régime de guerre et les répercussions pour leurs activités agricoles. Pour autant, il ne s’agit pas de passer sous silence le modèle agro-industriel de l’agriculture ukrainienne et de nous faire croire que la seule piste est de produire encore plus pour en compenser le manque. D’autant plus que la production mondiale sera largement suffisante pour nourrir l’humanité en 2022. La faim est un problème avant tout politique et non pas de production agronomique. Au contraire, il est plus que temps d’affirmer le besoin d’une agroécologie paysanne respectant le vivant, la planète, le climat et les générations futures.

L’Etat libéral confisque la démocratie, marchandise le vivant et empêche la moindre expression créative. Le projet de Sécurité sociale de l’Alimentation nous offre une voie radicalement différente en nous proposant de prendre la  main sur nos systèmes alimentaires et de ce fait de travailler à la sortie des dépendances énergétiques, de prendre en compte les coûts cachés sanitaires et sociaux du modèle productiviste et de construire une véritable souveraineté et démocratie dans l’alimentation.

Le Collectif national Pour une Sécurité sociale de l’alimentation est solidaire des hommes, des femmes et des enfants subissant cette guerre.