Projet d’expérimentation d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation pour les étudiant·es des campus bordelais

Initiative et groupe local de réflexion vers une SSA
  • Structure porteuse : Multiples - initiative et groupe local de réflexion vers une SSA
  • Territoire d’expérimentation : Bordeaux Métropole
  • Contact :

    Site web : https://www.crepaq.ong/ssa%C3%A9tudiante

    Sur les réseaux sociaux : @crepaq

    Adresse mail de contact : contact@crepaq.ong

  • Partenaires :

    Le projet est co-construit avec la caisse locale qui regroupe tous les acteurs du système alimentaires, afin de prendre les décisions de manière collective et démocratique.
    A ce jour, la caisse locale est constituée de : La GEMME – Le CREPAQ – VRAC Université – La cuvée des écolos – Bordeaux Métropole – CCAS de Bordeaux – Université Bordeaux Montaigne – Université de Bordeaux – Ville de Pessac – SICA Maraichère Bordelaise – RESES – La Fédération ATENA – Ingénieurs Sans Frontières – Bordeaux Sciences Agro – une 20aine d’étudiant·es

  • Adresse :

Description des activités

Le projet d'expérimentation repose sur les 3 piliers de la Sécurité Sociale de l’Alimentation :

–> L'Universalité : Bien que ce projet soit destiné aux étudiant•es, il est important de s’assurer que le dispositif proposé ne s’adresse pas uniquement aux étudiant•es en situation de précarité.

Ainsi, un panel de 150 étudiant•es sera constitué en fonction du sexe, du niveau d’étude, du budget mensuel, ou encore des écoles/universités. Ces étudiant•es percevront un montant de 100 gemmes par mois qu’ils pourront dépenser dans les magasins conventionnés proposant des produits plus durables.

La seule condition pour faire partie du panel sera de vivre hors du foyer familial. En effet, les étudiant•es qui vivent chez leurs parents sont, pour la plupart, dépendant•es de ces derniers en ce qui concerne les achats alimentaires.

–> Une Caisse locale gérée démocratiquement : Un tel projet suggère la mobilisation des acteur•ices concerné•es, à savoir : étudiant•es, universités associations, producteur•ices, commerçant•es, collectivités publiques…

Ainsi, à la rentrée 2022, un appel à mobilisation a été lancé pour constituer cette caisse locale.
Les structures faisant parties de la caisse locale sont les suivantes : La Gemme – Le CREPAQ – VRAC Université – La cuvée des écolos – Bordeaux Métropole – CCAS de Bordeaux – Université Bordeaux Montaigne – Université de Bordeaux – Ville de Pessac – SICA Maraichère Bordelaise – RESES – La Fédération ATENA – Ingénieurs Sans Frontières – Bordeaux Sciences Agro. À ces structures s'ajoutent une vingtaine d’étudiants venant d’écoles/universités différentes.

Lors de la première assemblée de la Caisse locale, il a été décidé de se servir du conventionnement de LA GEMME pour l’expérimentation, à savoir un conventionnement de magasins, et non de produits. En effet, la charte actuelle de l’association est conforme aux valeurs partagées par la caisse locale.

Néanmoins, pour s’assurer du pouvoir de décision de la caisse locale dans la constitution du réseau de magasins conventionnés, les étudiant•es participants à l’expérimentation pourront proposer de nouveaux commerces à conventionner par La GEMME.

De plus, les étudiant•es faisant partie du panel deviennent de facto adhérents de LA GEMME pour pouvoir bénéficier des versements mensuels. À ce titre, ils sont en droit de participer aux décisions de l’association.

–> Un financement basé sur la cotisation mais aussi sur des subventions publiques et des financements de fondations et dons : Le collectif national de Sécurité Sociale de l’Alimentation propose une cotisation sociale pour permettre une organisation démocratique du dispositif de SSA. Seule une loi au niveau national pourra le permettre.

À l’échelle expérimentale d’un territoire, la cotisation ne peut pas être la seule source de financement. Ainsi, des subventions publiques et des financements de fondations et de dons citoyens seront nécessaires pour mener à bien ce projet d'expérimentation.

Néanmoins, pour augmenter la part d’autofinancement et se rapprocher au plus près des principes de la Sécurité Sociale de l’Alimentation, une cotisation mensuelle sera demandée aux étudiant•es faisant partie du panel. Elle sera libre, consciente et solidaire, avec un minimum de 10€ par mois et un barème suggéré en fonction du revenu. Cette cotisation sera ouverte aux personnes ne faisant pas partie du panel, sous forme de dons.

Historique du projet

Depuis 2020, le CREPAQ a mené un projet spécifique de lutte contre la précarité alimentaire des étudiant•es : Campus ZGZP (Campus Zéro Gaspillage- Zéro Précarité alimentaire) qui a été très apprécié par l’ensemble des acteurs concernés et en particulier, l’action d’installation de deux Frigos Zéro Gaspi® sur le campus, une première en France !

Le CREPAQ souhaite aller plus loin dans cette démarche en s’attaquant aux causes de cette précarité, à savoir contribuer à donner des capacités financières aux étudiant•es pour leur accès à une alimentation suffisante, choisie, saine, de qualité et de proximité.

Aussi, dès janvier 2022, il s’est informé sur plusieurs expérimentations de Sécurité Sociale de l’Alimentation engagées en France pour s’en inspirer. Certaines expérimentations s’adossant sur les monnaies locales comme moyen de paiement des dépenses alimentaires, c’est pourquoi il a sollicité la GEMME.

Dès janvier 2022, le CREPAQ et La GEMME ont ainsi établi les premiers contacts avec des partenaires potentiels du projet. Les échanges avec l’Université Bordeaux Montaigne ont été très encourageants et ont confirmé la volonté et la motivation de celle-ci de participer activement à cette expérimentation.

De nombreux autres échanges sous forme de réunions ont eu lieu avec les différentes associations étudiantes du campus, les associations d’aide alimentaire, le CCAS de la Ville de Bordeaux…Un comité de pilotage du projet a été formé pour structurer ces échanges.

Peu à peu, au fil des mois et des réunions, le projet a pris forme et le comité de pilotage s’est transformé en Caisse Locale de l’Alimentation étudiante
Ces réunions du COPIL et des assemblées de la Caisse locale ont permis de co-construire et de structurer le projet d’expérimentation.

Perspectives envisagées

L’objectif est de recruter 150 étudiant•es sur les différentes écoles et universités de Bordeaux Métropole. Pour ce faire, deux modes de recrutements ont été décidés lors d’une assemblée de la caisse locale :

–> Une campagne massive de communication de mars à septembre 2023 (affiches, distribution de flyers, stands dans les écoles, communication sur les réseaux sociaux, etc.) : cela permettra d’avoir la diffusion la plus large possible afin de toucher un maximum d’étudiant•es des différentes écoles et université du campus bordelais. Cette campagne de communication nécessitera une implication des membres de la caisse locale et des associations étudiantes afin de faire le relai sur les campus universitaires.

–> Une diffusion auprès des étudiant•es participant au projet Prisme (étude de santé publique menée sur le campus bordelais visant à étudier la santé mentale des étudiant•es, projet ACT de l’université de Bordeaux coordonné par le centre de santé publique BPH, UMR INSERM-université de Bordeaux) : cela permettra de recruter des étudiant•es plus propices à participer à une étude et à répondre régulièrement à des questionnaires. Cependant, cette étude ayant déjà commencé, elle ne contient pas d’étudiant•es qui seront en première année d’études en septembre 2023, d’où l’intérêt de mener la campagne de communication en parallèle.

Les étudiant•es seront invité•es à compléter un court questionnaire afin de déterminer s’ils sont intéressé•es et motivé•es pour participer à l’expérimentation et s’assurer qu’ils remplissent les critères d’inclusion (par exemple, le fait d’habiter hors du foyer familial).

Pour former le panel de l’expérimentation, un tirage au sort parmi les étudiant•es volontaires et remplissant les critères sera effectué, tout en effectuant un prorata sur certains critères (établissement d’étude, niveau d’étude, sexe, budget, etc.) afin d’assurer une certaine représentativité des étudiant•es vivant sur le campus bordelais.

Les participant•es devront donner leur consentement libre, spécifique, éclairé et équivoque pour la collecte et le traitement de leurs données personnelles pour participer à l’expérimentation. Ils pourront retirer leur consentement, et donc se retirer de l’expérimentation à tout moment.

À partir de septembre 2023 et tout au long de l’expérimentation, les étudiant•es seront accompagné•es afin de les informer sur les pratiques alimentaires durables et sur le Droit à l’alimentation. Les accompagnements suivants ont été décidés lors d’une assemblée de la caisse locale :

– Animation d’ateliers sur l’alimentation durable (définition, impacts de nos consommations alimentaires sur la santé et l’environnement, comment adopter une alimentation plus durable, etc.) ;
– Animation d’ateliers cuisine (légumes de saison, cuisine anti-gaspi)
– Newsletter comportant diverses informations dont la présentation de magasins conventionnés par la Gemme et des fiches-recettes ;
– Création d’un groupe de partage entre participants sur Discord afin de créer une communauté autour de l’expérimentation ;
– Des temps conviviaux festifs seront également organisés afin de favoriser la cohésion du groupe et les liens sociaux.

Cette expérimentation fera l’objet d’une évaluation scientifique portée par des chercheurs universitaires. Une équipe pluridisciplinaire (composées de chercheurs, des porteurs de projets et d’étudiant•es) sera constituée pour suivre l’évaluation de l’expérimentation. Les points suivants seront particulièrement étudiés :

–> Tester la propension à cotiser à la SSA : Dans le projet, il sera demandé aux bénéficiaires de la SSA une cotisation mensuelle minimale de 10 euros, basée sur une grille de cotisation créée en fonction des revenus. Cette cotisation ouvrira le droit à un versement de 100 gemmes. Tester l’acceptation de ce paiement est en soi un véritable enjeu, même si le rapport cotisation / versement peut sembler très favorable.

En outre, le choix de mettre une cotisation libre, consciente et solidaire en fonction du revenu dont dispose chaque participant•e permettra de révéler la propension des bénéficiaires à contribuer au fonctionnement de la sécurité sociale de l’alimentation.

Si la cotisation minimale est systématiquement retenue, on peut faire l’hypothèse d’un comportement opportuniste visant à profiter d’un effet d’aubaine. Si les contributions sont plus importantes, on pourra en déduire une propension à mettre en place un système plus durable.

–> Évaluer la modification des pratiques alimentaires des étudiant•es : En faisant souvent découvrir à de nombreux étudiant•es les possibilités d’une alimentation saine, de qualité et durable par l’accompagnement alimentaire et par l’orientation des dépenses alimentaires vers des produits bio, l’hypothèse est que les bénéficiaires de la SSA vont modifier leurs pratiques alimentaires.

Le suivi de leurs dépenses de la dotation SSA et les questionnaires d’enquête permettront de collecter des informations sur cet enjeu. Mais il s’agit d’appréhender aussi le caractère durable (des modifications des pratiques à travers les questionnaires d’enquête, y compris plusieurs mois après la fin de l’expérimentation.
La participation des volontaires de PRISME augmentera la probabilité d’avoir des retours.

–> Envisager l’élargissement de la SSA à la communauté universitaire : Reposant sur des contributions publiques importantes, la configuration envisagée pour l’expérimentationdoit élargir sa base de financement à d’autres acteurs.

Une suite pourrait être envisagée à l’échelle de la communauté universitaire qui représente quelques 100.000 personnes sur l’agglomération bordelaise (étudiant•es et personnels). Les personnels sont sensibles à la précarité alimentaire des étudiant•es et, durant la phase 1 de l’expérimentation, il s’agira aussi d’envisager les conditions d’une phase suivante de l’expérimentation en les intégrant à la démarche.

A propos de la structure porteuse

Le CREPAQ a pour objet d’œuvrer et d’accélérer la Transition écologique, solidaire et citoyenne dans la Région Nouvelle-Aquitaine. Il s’implique à travers de nombreux projets, notamment dans la résilience alimentaire des territoires, la démocratie alimentaire, les luttes contre le gaspillage et la précarité alimentaires. C’est un acteur dont l’expertise est reconnue dans ces domaines, aussi bien au niveau régional que national.

Il a sollicité l’association La GEMME – monnaie locale de Gironde – pour co-construire avec elle le projet. Lancée en 2022, la GEMME est issue de la fusion de deux monnaies locales de Gironde : la Miel et l’Ostrea.
Les monnaies locales proposent en effet un outil qui offre plusieurs avantages :
–> Elles constituent des réseaux de professionnel•les conventionné•es (commerçant•es, producteur•ices) qui partagent les valeurs écologiques, éthiques et solidaires (près de 2/3 des dépenses en monnaie locale sont orientées vers l’alimentation) ;
–> Avec une version numérique de la monnaie, elles permettent une gestion simplifiée du versement de l’allocation aux bénéficiaires, son utilisation lors des paiements avec un téléphone portable (ce qui est particulièrement adapté pour des jeunes) et un suivi des dépenses réalisées.